Carpe Noctem
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Il n'y a que le pouvoir, et ceux qui sont trop faibles pour l'obtenir. | Période jouée; post-septième année alternative.
 
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 « de profundis clamavi »

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Rodolphus Lestrange

Rodolphus Lestrange


Masculin
▌Messages : 127
▌Date de naissance : 08/01/1967
▌Date d'inscription : 12/02/2010
▌Votre Âge : 57
▌Age du personnage : 43 ans
▌Étude, métier : mangemort à temps complet (ou presque)
▌Baguette : acajou • 25, 4 cm • nerf de coeur de dragon (magyar)

— §ECRECY §ENSOR
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MessageSujet: « de profundis clamavi »   « de profundis clamavi » EmptyMer 8 Sep - 20:17

Cette nuit-là, le vent sifflait entre les arbres de la Forêt Interdite, laissant percevoir aux oreilles aguerries les grognements et les râles des créatures réfugiées en ses tréfonds. Tout le parc de Poudlard était couvert d'une épaisse brume, comme celle d'un hiver empiétant sur l'automne, et la lune, haute dans le ciel d'un noir de jais, en éclairait les reflets nébuleux. Là, l'air transpirait une humidité inconvenante, qui s'insinuait dans les poumons de façon à n'être qu'un peu mieux apprécié, qu'un peu mieux déploré. Les rares oiseaux qui s'étaient aventurés au dehors cherchaient refuge dans les cavités du château, creusées par l'incompétence ou l'érosion. Plus encore qu'à l'accoutumé, l'ensemble respirait une inquiétante noirceur, confortable pour ses partisans, et hostile pour le restant du monde. Il y avait comme un parfum de secret, une odeur fugace de confessions, et une fine poésie dont les notes s'évaporaient à la mesure du temps.

J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé.
C'est un univers morne à l'horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ;
Bien des fois, Rodolphus avait su convaincre Bellatrix, son épouse, de se laisser entraîner dans quelques unes de ses mystiques entreprises. Durant leurs longues années de mariage (qui, en dépits de tout, se poursuivait encore maintenant), il était même parvenu à lui faire admettre et accepter des choses tout à fait inattendues. Cependant, tous grandioses qu'étaient déjà ces exploits, la faire monter dans une barque dans l'unique but de les isoler au beau milieu du sombre lac de Poudlard devait certainement relever d'un inédit remarquable, et d'une imagination tout aussi dérangée qu'elle semblait redoutable. Les moyens dont il avait usés demeuraient encore d'une sibylline explication, mais le fait n'en restait pas moins tangible. Bellatrix avait mis la main dans la sienne, et s'était laissée entraîner. Rodolphus l'y avait aidée, s'était même assuré que tout le confort disponible lui était offert, puis il s'était emparé des rames. L'embarcation s'était peu à peu éloignée du rivage, jusqu'à les couper tout à fait du monde. Sans magie ni illusion, tout ce que Rodolphus avait d'humain semblait s'exalter pour effacer le restant, l'insipide et le futile, le commun des mortels et les desseins des puissants, pour que demeure l'existence seule, unique et entière, de ce qui les avait tous les deux conduit là ; de ce qui sommeillait entre les tempes du mangemort ; tout pour les yeux d'une femme qui ne le voyait même pas, qui le niait peut-être, à l'en faire souffrir de tout son soûl.

Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre ;
C'est un pays plus nu que la terre polaire ;
- Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois !
Poussant la barque à trancher lentement l'eau sombre du lac à la seule force de ses bras, Rodolphus ne cessait jamais de dévisager sa belle épouse des yeux. Les années n'avaient, selon lui, rien entamer de sa beauté, et le temps, pourtant si cruel bien des fois, lui avait même conféré un charme absolu et divin, que seuls les plus fins esthètes savaient apprécier avec justesse et justice. Il jalousait encore souvent le regard des hommes - et même des femmes - qui se posaient sur elle, et même quand ces yeux ne trahissaient qu'une haine pure et sans égale, il semblait à l'aîné des frères Lestrange que ce spectacle n'était déjà que trop ravissant pour de tels iris. Il ne le supportait guère, possessif et envieux. Il l'aimait, en vérité, avec une telle passion, une telle fougue, qu'il en aurait voulu la faire sa prisonnière pour l'éternité, enveloppée sous une cloche de verre, à la contempler inlassablement, jusqu'à ce que ses traits, fanés par l'esclavage, s'affadissent peu à peu et prennent cette teinte commune et sans saveur, commode à bien des femmes. Ce n'était d'ailleurs que parce qu'il l'aimait sans égal qu'une telle entreprise ne demeurait qu'au rêve, qu'au formidable rêve, laissant toute la réalité l'imprégner de l'amère liberté dont elle se parait constamment, pour lui échapper et le fuir, mieux encore qu'une eau souillée entre ses doigts fragiles.

Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ;
Doucement, leur périple se freina. Au milieu des eaux sombres, Rodolphus altéra leur voyage, les perdant tous les deux dans les volutes grisâtres du ciel terne. La peau pâle de sa femme respirant des rayons de la lune, il la dévisagea longuement, intensément, avec tout l'amour de son cœur qui perlait à ses lèvres captivées. A cet instant précis, il soupira un baiser souhaité, envié, et l'envie lui prit aussi vite qu'elle s'éteignit, religieusement conservé par sa prudence austère et l'infini respect qu'il vouait autant à son épouse qu'à son propre orgueil. D'un geste plus avisé, et plus serein, Rodolphus prit sa main dans la sienne, jusqu'à ce qu'elle daigne croiser son regard, et s'y ancrer plus d'une fugace seconde accordée pareille à une faveur. « Bellatrix... » Il n'eut pas mieux qu'un soupir, un long soupir, sans sens ni substance, rien que ce seul prénom, si souvent coincé dans sa gorge. Ça n'eut, d'ailleurs, rien de libérateur puisque le plus douloureux restait à venir. Il le savait, et elle le sentait. Elle sentait toujours ces choses, et toute magie était donc superflue. Il n'y avait rien à deviner, tout était là, limpide, n'attendant plus que des mots pour être décemment exprimé. Rien de plus, mais ce déjà trop-plein qu'il peinait à formuler, qu'il peinait à confesser comme tous ces mots qu'il lui adressait, en sachant pertinemment qu'elle ne les écoutait jamais, ou ne les comprenait pas.

Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide.
Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
La manière qu'il eut finalement d'inspirer témoigna du courage qu'il sembla s'insuffler pour affronter les minutes à venir. Il n'y avait d'ailleurs qu'avec elle qu'il était ainsi, aussi expressif que perturbé. Ce genre de faiblesses n'était pas admissible, mais Bellatrix n'en ignorait rien, pas une seule seconde. Elle savait tout de lui et, qu'importe que cela l'indifféra au plus haut point, c'était bien, là, la seule chose qui semblait compter aux yeux de son mari. Expirant avec mesure, il ajusta chacun de ses mots avec un soin d'une rare précision, comme si chaque virgule avait pu, par sa courbe, frôler l'incident diplomatique. « Je sais que tu m'as aimé un jour, commença-t-il lentement en la priant des yeux de ne surtout pas l'interrompre, et c'est même tout ce que j'ai désormais... » Un moment, il détourna le regard et cherchant quelque témérité au loin, dans un horizon que, comble de l'ironie, il ne pouvait pas même voir. Quand il se reprit enfin, la détermination luisante au fond de ses yeux fût d'une rareté que plus précieuse. « Mais j'ai besoin de savoir. Aujourd'hui. Cette nuit. J'ai besoin de savoir si tu trouves encore quelque chose à aimer en moi, si tu comprends ce que je ressens, si tu le partages ne serait-ce qu'encore un peu... ou non. » Les doigts de Rodolphus se resserrèrent encore sur la main de son épouse, si fermement alors qu'il y avait à sentir tout le désespoir que cet homme pouvait éprouver. Il déglutit si péniblement, que le pire allait s'offrir bientôt, évidemment, douloureux et éminent. « Et si tu ne m'aimes plus, Bellatrix, si tu ne sais même plus ce que ça signifie, si tu as tout oublié, de nous, de moi, si tu dois me condamner en admettant tout ça, je veux que... je veux... j'aimerais que tu... » Ses sombres iris vinrent caresser la surface ombragé de l'eau. Ses pensées s'agitaient, se confondaient et se choquaient, avec impertinence et indécence. Il mit, cette fois, de longues minutes à ravaler sa terreur, sa peine et sa douleur, et ses mots se libérèrent avec une froide vigueur qu'il regretta presque aussitôt. « Je veux que tu prennes ma vie, je veux mourir de ta main. Si tu ne m'aimes plus, tu le feras, je le sais... et je veux que ce soit toi, je veux mourir d'amour pour toi. S'il te plait. » Frisant une démence exemplaire, Rodolphus heurtait désormais le regard de Bellatrix avec une rare détermination, une certitude profonde et implacable. Ce fût la même qui le conduisit, de gestes sûrs et soignés, à s'approprier la baguette de sa femme et à la lui glisser dans la main. Il ne relâcha son poignet que lorsque la pointe du bois ouvragé fût penché à frôler l'exacte zone de son cœur au travers du tissu. Sans plus de mot (en vérité, incapable d'en prononcer de nouveaux), il la dévisagea sereinement - que trop sereinement, domptant avec une fougue insubmersible la crainte d'une réponse qui ne saurait que trop tarder, une réponse qu'il pensait connaître, et qui devait signer, là, au milieu d'un lac sans vie, la fin d'une existence insipide qui eut été sublime pour peu qu'elle eut été éclairée par des charmes aimants.

▬ DE PROFUNDIS CLAMAVI, CHARLES BAUDELAIRE.
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Bellatrix Lestrange

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MessageSujet: Re: « de profundis clamavi »   « de profundis clamavi » EmptyMar 21 Sep - 11:59

Bellatrix s'était laissée piéger comme une petite fille. Il suffisait que lui parvienne cette intonation particulière, cet écho familier empreint de réserve et pourtant ô combien impérieux pour qu'elle flanche. Bien sur, la folie qui rongeait chaque parcelle de son esprit et qui flétrissait son âme ne lui permettait jamais de se compromettre tout à fait dans le monde des hommes, cet univers qui se faisait un peu plus étranger chaque jour. A défaut de lui conférer une apparence monstrueuse, elle annihilait chacun de ses sentiments en commençant par ce qu'il y avait de plus délicat, de plus admirable. La pauvre créature n'en savait rien et ignorerait jusqu'à son dernier souffle combien elle était condamnée à ne plus constituer qu'une vulgaire machine de guerre, redoutable certes mais terriblement morte. Pire, l'insouciante enfant en redemandait. Alors il fallait le reconnaitre, face à cette forteresse recouverte d'épines, et en dépit du sang qui recouvrait inlassablement ses mains, Rodolphus Lestrange était un adversaire tenace. Et pour preuve, l'être volcanique qui aurait voulu embraser la terre se tenait, pour l'heure, presque sagement, sous les yeux attentifs de son mari où perçaient un éclat qu'elle n'aurait pu définir. Elle ignorait pourquoi il avait insisté pour qu'elle l'accompagne cette fois. Il s'isolait fréquemment, sans qu'elle ne s'en inquiète jamais et s'il recherchait parfois sa présence, jamais il ne s'était montré aussi persuasif.

Ainsi s'étaient-ils retrouvés dans une barque, au beau milieu du lac de Poudlard, avec pour uniques témoins l'astre nocturne et sa cohorte d'étoiles venues d'un autre temps. Son regard se perdit à la surface impénétrable des eaux tandis que l'embarcation semblait s'immobiliser doucement. Il y avait des années de cela, le lac était infiniment moins sombre. A présent, la créature la plus vile qui soit n'aurait pas osé en effleurer l'encre. Un léger sourire empreint d'une satisfaction démente naquit sur ses lèvres. Elle n'avait jamais douté de leur victoire mais à cet instant précis, elle la savoura pleinement, ennivrée des effluves troubles que renfermaient les télèbres. Désirait-elle vraiment atteindre l'idéal porté par leur maitre ? Avait-elle encore les moyens de croire en un destin, aussi funeste soit-il ? Bellatrix n'aurait su le dire. Mais l'odeur âcre du souffre, le souvenir des corps sans vie pareils à des pantins désarticulés et la sensation de sa propre silhouette tendue à l'extrême, dans un élan de cruauté indescriptible ranimaient encore cette chaleur vive au plus profond se son être. Ils avaient marqué le monde au fer rouge cette nuit-là et il lui semblait qu'aucun mal ne pourrait plus jamais être dissipé.

Il lui fallut quelques instants pour que le contact d'une peau toute aussi glacée trouble ses réminiscences enflammées. Ses yeux quittèrent une lutte revisitée pour en rejoindre une autre dans les iris de Rodolphus, et la bataille risquait d'être paradoxalement moins équitable. Dans un état semi-conscient, elle abdiquait, tenue en joug par un formidable regard qu'elle avait apprit malgré elle à sousestimer. Lorsqu'il prononça son nom, il lui sembla tout à fait qu'il s'agissait d'un rêve absurde, à la signification obscure et sur lequel elle n'aurait jamais d'emprise. Toutefois le timbre de sa voix, elle le connaissait dans ses moindres inflexions et ce fut tout naturellement que le sourire disparut, au profit d'une attitude méfiante. « Je sais que tu m'as aimé un jour ... et c'est même tout ce que j'ai désormais. ». Il lui fallait s'efforcer de comprendre mais les discours humains étaient inintelligibles aux âmes desséchées. La concentration offrait un éclat nouveau à ses traits. Chaque mot parvenait à son oreille comme une infinités de codes complexes qu'elle n'avait jamais su déchiffrer et qu'il lui imposait à présent. « Mais j'ai besoin de savoir. Aujourd'hui. Cette nuit. J'ai besoin de savoir si tu trouves encore quelque chose à aimer en moi, si tu comprends ce que je ressens, si tu le partages ne serait-ce qu'encore un peu ... ou non. » Comme au ralenti, ses yeux se baissèrent sur leur deux mains liées, d'une blancheur éternellement diaphane. L'image comme les mots lui étaient étrangers. Une sensation méconnue s'empara d'elle subitement, un peu à la manière d'une vague d'angoisse qui manquait de l'envahir tout à fait à chaque nouvelle parole, à chaque pression glaciale sur sa main osseuse. Mais lui, cruel, poursuivait inlassablement, sans imaginer un instant qu'elle manquait de se noyer dans des eaux inconnues. « Et si tu ne m'aimes plus, Bellatrix, si tu ne sais même plus ce que ça signifie, si tu as tout oublié, de nous, de moi, si tu dois me condamner en admettant tout ça, je veux que... je veux... j'aimerais que tu... » Elle sut à ce instant précis, qu'elle devait lui ordonner de se taire, qu'elle devait l'y contraindre par la force. Sceller cette bouche trop habituée au silence, en mal de délivrance. Une limite allait être franchie, elle le ressentait viscéralement.

« Je veux que tu prennes ma vie, je veux mourir de ta main. Si tu ne m'aimes plus, tu le feras, je le sais... et je veux que ce soit toi, je veux mourir d'amour pour toi. S'il te plait. ». Il avait parlé, fourbe, alors que le doute insidieux avait retenu son bras. Telle une poupée sans vie, elle assista impuissante au spectacle incongru de l'homme fatalement amoureux, glissant la baguette qui en avait vu tomber des centaines avant lui entre ses doigts et la pointer tout contre la flanelle ancienne et délicate, à l'endroit où, précisemment, se concentraient toutes ses espérances. L'espace d'un instant, elle resta interdite. Le temps et les actes défilaient sous ses yeux spectateurs et elle n'avait plus d'emprise sur eux. Cette considération s'ancra en elle et fit naitre une autre sensation au creux de sa poitrine, infiniment plus familière et pourtant intensément nouvelle. Un torrent de rage bouillonnant s'empara de la moindre parcelle de son corps. De ses doigts renfermant l'arme, jusqu'à sa gorge suffocante, une onde de fureur manquait d'éclater. Elle n'osait plus détacher les yeux de la cible qu'il s'était lui-même inventée. « Comment oses-tu ... ». Les mots se détachèrent comme sectionnés à coups de hâche, dans un murmure à peine audible. Pour la première fois de son existence, Bellatrix Lestrange s'efforçait de se controler. Et pourtant. Cette phrase, elle aurait voulu être en mesure de l'achever. Comment oses-tu mettre des mots sur l'indicible, sur ce que tu aurais du taire jusqu'à ce que la mort t'y contraigne pour de bon ? Comment oses-tu me forcer à changer le cours des choses ? Comment oses-tu dévaster notre chaos calme ?

Oui, c'était certain, le besoin de mettre fin à une vie n'avait jamais été aussi impérieux. La baguette, prolongement naturel de son bras, tremblait furieusement, imprimant des froissements désordonnés sur le tissus implorant. Elle n'avait que deux foutus mots à prononcer pour retrouver la serennité, balayer cette passion inconvenante qui la plongeait dans un émoi anormal. Elle releva la tête pour se plonger à nouveau dans un duel à l'issue imminente. Ces yeux. Achevés, déjà et pourtant étonnament tranquilles, contraste saisissant. Elle cessa soudain de réfléchir, fidèle à cette attitude spontanée qui la caractérisait. La main pâle se fit faible, l'étreinte se relâcha et lorsque la baguette glissa pour entrer en contact avec le bois infiniment plus rude de la barque, il sembla que le monde entier respecta un silence religieux. Elle était la seule, privée d'oxygène, à entendre les roulements frénétiques de sa colère qui reclamait avidement le sang injustement épargné. Alors le geste s'esquissa avant même qu'elle ne puisse en prendre conscience. Une gifle, retentissante dans le calme nocturne vrilla la joue de son amant, laissant, maigre consolation, perler une goutte de sang que ses ongles avaient imprimés dans la peau marmoréenne. Les pupilles dilatées par l'amas d'émotions qu'il lui avait sauvagement imposé, elle fut incapable de reprendre ses esprits. C'était la première fois que Bellatrix Lestrange perdait une bataille.
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MessageSujet: Re: « de profundis clamavi »   « de profundis clamavi » EmptyMar 26 Oct - 12:50

Parce que Rodolphus souffrait de bleus à l'âme autrement plus convaincants que toutes les démences répandues de par le monde, il n'aurait jamais abdiqué. Sa maladie, sa souffrance, supplantait au centuple l'hystérie, la barbarie et l'indifférence réunies de celle que l'on disait encore son épouse. Nul ne côtoyait les sommets insensés où l'aîné des frères Lestrange s'était retranché. Impérieux dans sa citadelle, il aurait défié les plus vives émotions sans se heurter à la moindre résistance. Personne ne comprenait et personne n'avait à comprendre. Il se moquait sans commune mesure qu'on eut de la sympathie ou de la pitié pour son être méprisé. Il ne se prévalait d'aucun privilège, et l'idée de mettre fin à ses tourments ne l'effleurait qu'avec le fugace du cauchemar. Non, il n'avait aucunement sa place dans la mort tant qu'il aurait une raison, même infime ou fanée, de croire que Bellatrix nécessitait encore sa présence, ou sa protection, dans la vie. L'âme de cette femme était plus noire que les abysses de la plus brute apocalypse, mais son époux ne considérait guère pouvoir l'aimer autrement. Toujours, constamment, elle lui avait fait endurer cet enfer, et jamais, infiniment, il ne s'y serait soustrait pour le moindre Éden, d'ici ou d'ailleurs.

Les terres arides auxquelles il souhaitait s'enchaîner portaient bien le nom de cette femme, de la sienne, celle-là qui fuyait l'évidence tout en l'ayant inscrite au plus profond de son âme. Rodolphus doutait qu'elle y eut un accès volontaire et facile, mais il était certain - car il devait l'être pour ne pas perdre la raison - qu'il existait encore une issue, une porte, d'un vieux métal certes rouillé, mais qu'il n'était pas impossible de pousser pour peu qu'on y eut ajusté les forces les plus insoupçonnables. Il devait croire qu'elle en serait capable, comme il devait croire, pour son propre salut, qu'elle saurait se trouver la force d'une telle faveur, d'une telle espérance, même si cela devait lui servir plus tard à le meurtrir d'autant mieux. Il aurait certainement tué père et mère (de nouveau) pour sentir son corps vaciller de peur, de douleur ou de manque, rien qu'une fois encore, rien qu'une seule. Il voulait encore sentir l'haleine putride du poignard qui se fiche dans son cœur...

Personne n'aurait donc pu comprendre pour lui cette extase paradoxale qui le saisit à l'âme quand, secouée par tant d'aveux tacites, l'insoumise Bellatrix Lestrange se laissa dompter par des émotions subversives. Rodolphus, lui, n'en espérait pas tant, et ce fût très exactement le soulagement qui s'empara de chaque fibre de son être quand il considéra la fébrilité mortifère avec laquelle elle se débattit pendant de longues secondes. Oui, comment osait-il... Quel démon cruel s'était donc emparé du mangemort pour qu'il osât, avec tant d'impudeur, imposer à sa femme le châtiment de mots que trop longtemps corrompus au profit du silence ? Mais sans satisfaire la moindre de ses pulsions sadiques, Rodolphus n'en éprouva guère plus de culpabilité. Il n'aurait pas dû, il le savait fort bien, mais les regrets, il n'en avait déjà que trop, sans s'embarrasser de ceux qu'il avait sciemment provoqués.
Néanmoins, il y eut quelques secondes, horribles et téméraires secondes, pendant lesquels il resta interdit. Ce temps, il le considéra dans les iris déterminés de Bellatrix, qui semblait lutter ardemment. Elle ne cherchait pas même à dissimuler son besoin - plutôt que son envie - de mettre un terme aux jours de cette souffrante créature. Elle se rendrait service, et lui rendrait service, tout cela au nom d'une sélection naturelle implacable qui voulait toujours que, faisant fi des émotions indistinctes et impropres, les forts l'emportaient sur les faibles, et les divinités sur leurs fidèles, aveugles, sots et conquis. Conquis, Rodolphus l'était depuis tellement d'années qu'il lui semblait souvent n'être né que pour s'enchaîner à une femme si cruelle et si sublime à la fois. Le destin n'avait pourtant aucune prise là-dedans. Ce n'était qu'un dédale dans lequel il s'était enfoncé, d'abord par témérité puis par désespoir, jusqu'à s'éprendre de son bourreau et du mal procuré.

Mais elle lâcha sa baguette. Et cet abandon, tellement anodin quelque part, prit tout son sens entre les tempes battantes d'un Rodolphus qui, jamais, ne consentit à détourner son regard. Et la violence de la gifle qu'elle lui infligea en pénitence vint à ravir son cœur d'amant avec une folie insubmersible, pareille au plus probant des masochismes, de ceux dont on n'ose prononce l'existence sans en souffrir d'ores et déjà les maux. Aussi les yeux de Rodolphus Lestrange restèrent figés sur la surface légèrement ondulante de l'eau noire, certainement secouée - plus encore que lui - par l'ardeur de l'impact. « Merci... » Sa gorge le brûlait mais il trouva peu à peu la force de se redresser parfaitement, jusqu'à ce que son murmure se transforme en un semblant d'une mystique et prophétique révélation. « Oui, merci, mon terrible amour... Mon cruel amour. » La vigueur avec laquelle il l'aimait en cette heure pouvait paraître tout bonnement insensée, et force était de constater qu'elle l'était bel et bien ! Cette folie ne souffrait aucune viable comparaison, et quand bien même il eut existé d'avoisinants symptômes, ce n'était rien en comparaison des années qu'il avait mis à concevoir tout l'art qui consistait à aimer une femme comme la sienne ; ce genre d'art qu'il faut toute une vie pour mettre au jour, et qui n'est reconnu que bien des siècles ensuite.

Instinctivement, il ramassa la baguette de Bellatrix, et la lui remit une nouvelle fois. Ses doigts, d'une délicatesse propre à son seul rang, se refermèrent plus que de raison sur les siens, savourant un cours instant encore la froideur de cet être qui, pourtant, l'avait dûment épargné. Cela, il ne l'oublierait pas. Il ne le pourrait pas. Chaque parcelle de son corps en resterait vrillée à jamais de délicieuses vibrations.
« Je sais que tu ne peux comprendre, je le sais bien... mais tu viens de me sauver la vie, encore. » Et tellement d'autres fois qu'il n'osait plus mesurer la dette sempiternelle qu'il s'était inventé. Car il semblait au terriblement pathétique Rodolphus Lestrange que chaque regard que lui concédait sa femme n'était rien d'autre qu'une faveur, une faveur supérieure à tous les prestiges divins ou mortels, une faveur supérieure, même, à tous les honneurs que leur maître ne saurait jamais lui faire miroiter. Le cœur sous l'empire d'une femme si puissante, il s'était rendu esclave pour des yeux qui le voyaient à peine. Mais cela n'avait aucune importance, absolument aucune. Chaque détail prend de la valeur quand plus rien n'a de sens. Et leur existence commune restait insensée, exactement comme elle l'avait toujours été, au cours des décennies. Leur union, leur mariage, n'avait trouvé de raison qu'en de lointaines volontés qu'ils pouvaient à peine considérer. Enfants, on les avait promis. Adultes, on les avait unis. Et sans qu'on ait compris comment, Rodolphus s'y était abandonné, lui comme son libre-arbitre. D'un prince de la magie noire, il était tombé au rang de serviteur d'une sorcière sans commune passion... mais il adorait, fanatique, être le plus digne de côtoyer le sol qu'elle ne cessait de fouler au pied. Dans sa perdition, il ne voyait que des temples à bâtir et des statues à édifier. En vérité, l'obsession que vouait Bellatrix à leur Lord n'était qu'un ersatz de l'obsession que son mari lui vouait à elle seule.

Et comme il aurait fait n'importe quoi pour lui plaire, il se tut. Quand même il aurait voulu se livrer, elle n'aurait rien écouté. Pourtant, les souvenirs se pressaient entre ses tempes, l'assaillant d'images, de sons et de sensations, mais ses lèvres demeurèrent closes, tout comme l'était son esprit. Bellatrix ne s'y serait jamais aventurée, il le croyait plus qu'il ne le savait, mais il ne tolérait l'idée qu'elle put puiser dans ses souvenirs pour exalter les siens. Il lui donnait tout, toujours, mais pas cela, jamais.
Finalement, une détonation vrilla le silence assourdissant du parc. Tout Poudlard s'illumina de rais lumineux et une agitation incertaine sembla s'enflammer depuis l'orée de la Forêt Interdite jusqu'à la plus imposante des tours du château. Pourtant, le mangemort resta stoïque, complètement imperméable aux aléas du monde. Qui savait ce qu'il se produisait là-bas... Pas lui, et il s'en moquait tout à fait. Son regard tout pour l'objet de ses sentiments, il restait absent, inactif et terriblement conquis. Les océans auraient pu s'assécher, les continents couler, il n'aurait rien fait qu'attendre son heure, ici et maintenant, à jouir éternellement d'un sentiment qu'elle violerait bientôt.
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MessageSujet: Re: « de profundis clamavi »   « de profundis clamavi » EmptyMar 23 Nov - 12:05

Elle demeurait furieusement immobile, comme si l'attente concentrée pouvait extirper le mal, le vrai, avec plus de force. Elle espérait la fin de son tourment, revêtant l'espace d'un instant l'habit de ses innombrables victimes. Fuis, immonde faiblesse. Et deviner l'ataraxie de l'âme tortionnaire et aimante n'augmentait que davantage son trouble. Savait-il seulement que la sienne ne résidait qu'en son ignorance ? A présent qu'il l'avait contrainte à ravaler son déni, par un geste aussi anodin que significatif, elle devait lutter avec de nouveaux démons. Comment pourrait-elle prétendre à nouveau disparaître derrière un écran de fumée ? Elle l'avait sciemment épargné. Et elle tentait à présent de se convaincre qu'il s'agissait d'une erreur. Pour elle, comme pour lui. S'il me le demandait à nouveau, je mettrais fin à son existence sur le champ. Mais elle ne voulait pas qu'il le lui demande. Et cette conclusion ne lui venait pas d'une morale du reste déjà morte, ou d'un excès de sentimentalisme mais bien d'une certitude profondément ancrée, relevant d'un instinct presque animal. C'était ce même instinct qui avait contenu sa folie et l'avait empêchée de se tuer à force de mutilations à Azkaban. Jamais elle n'avait ressenti le besoin de le toucher ou même de l'entrapercevoir durant leur longues années d'incarcération. Mais elle savait qu'il était juste là, de l'autre côté du mur et cette simple considération suffisait à la maintenir en vie. Pour rien au monde elle ne l'aurait avoué et quand bien même elle l'aurait voulu, la capacité à mettre des mots sur un sentiment aussi complexe l'avait depuis trop longtemps abandonnée. Ainsi elle se bornait à l'enchainer, dans une éternelle ignorance, aux méandres de son esprit, sans contrepartie aucune afin qu'il se meure pour qu'elle vive.

« Oui, merci, mon terrible amour... Mon cruel amour. » Elle ne pouvait détacher ses yeux des siens, à la manière d'un animal farouche craignant à chaque instant qu'un nouveau coup puisse être porté. Ses mots, comme ses gestes tendres lui échappaient inlassablement. Et l'incompréhension faisait naitre une terreur venimeuse qu'elle expérimentait pour la toute première fois, en même temps que son corps et ce qui lui restait de volonté propre refusaient de lui obéir. Il aurait pu la tuer, ici et maintenant, qu'elle n'aurait pas esquissé le moindre geste. Tellement vulnérable. Amour.. Si un mot était dépourvu de sens dans son esprit, c'était bien celui-là. Et pour cause, c'était la seule arme qui lui était interdite. Il avait pourtant dit qu'elle l'avait aimé il fut un temps. Ce n'était pas de l'amour qu'elle ressentait puisqu'elle en ignorait la nature même, mais cette chose inqualifiable, ce besoin viscéral de présence distante. Il s'était trompé sur toute la ligne. Amour il n'y avait jamais eu, mais rien n'était révolu. Le sentiment vivace et indescriptible durerait jusqu'à son dernier souffle et surpassait ironiquement en violence n'importe quel autre attachement.

Le ciel s'illumina soudain, teintant faiblement les eaux sombres qui les cernaient de toutes parts. Bellatrix ignorait si elle pouvait s'autoriser un relâchement d'attention. Ce soir-là, subitement, Rodolphus avait pris vie. Et les éclairs qui vrillaient les ténèbres ne purent détacher son regard de ce visage naissant. Elle se dégagea lentement de l'étreinte de sa main et dans un geste hésitant, effleura sa joue. Elle se demandait si tout cela était bien réel, si ces yeux, cette bouche lui étaient familières. Une nouvelle détonation éclata et mit fin à sa torpeur. Comme si elle prenait conscience tout à coup qu'elle finirait par se compromettre tout à fait, elle eut un violent mouvement de recul et se terra au fond de l'embarcation. « J'exige que tu me ramènes. » Elle aurait pu disparaître instantanément mais la symbolique superstition voulait qu'ils refassent le chemin inverse, dans l'espoir vain que tout fut définitivement effacé. Et ça, même Bellatrix Lestrange pouvait le comprendre.
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Rodolphus Lestrange

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MessageSujet: Re: « de profundis clamavi »   « de profundis clamavi » EmptyMar 19 Avr - 11:32

Amour. Si un mot était pourvu de sens dans son esprit, c'était bien celui-là.
L'émotion, l'idée, le mythe, admettait une infinité de nuances que Rodolphus avait appris à méconnaître, à mépriser. Bercé par l'indifférence maternelle, forgé dans la rage paternelle, modèle placide d'un frère presque candide, l'aîné des fils Lestrange avait omis les mensonges, les bonheurs et les fougues de l'Amour. Quel qu'il soit. Quoi qu'il puisse être. Quoi que chacun puisse en vouloir. Le mangemort ne parlait pas une seule de ces subtilités, l'imaginaire trop occupé à les transcender. Il avait bâti un monde, une manière, pour ce qu'il éprouvait, lui et lui seul, et rien d'humain n'aurait pu le frôler ou le corrompre. L'Amour que vivait Rodolphus était pur, absolu, quelque chose qu'il ne comprenait pas lui-même et que, d'ailleurs, il fantasmait sûrement pour le plaisir sordide de ses émotions masochistes. Certainement.

Retranché dans les tréfonds de son esprit aux mille élucubrations romantico-fantaisistes, Rodolphus prit sur la défensive le geste d’une Bellatrix aux antipodes de sa souffrance : elle frôla sa joue ; elle osa frôler sa joue. Une chose exceptionnelle venait de se produire. Un outrage. Une faveur. Une faveur terrible. « Tu… tu, suffoqua-t-il l’espace d’un instant. » Ravalant sa terreur fascinée, ses lèvres se scellèrent enfin. Comme un dieu se serait penché sur l’Humain, Rodolphus fût bien incapable d’accueillir ce qui, jamais, n’était censé se mêler à sa mortelle et triviale condition. Il avait trop vénéré, il avait trop adoré son idole. Alors - et qu’il fût condamnable ! - il n’apprécia pas ce contact que, pourtant, il semblait, souvent et soudain, rechercher. Dans le tourment de ses contemplations, il avait oublié que l’objet de ses fantasmes pouvait encore le caresser. Elle le pouvait. Mais pourquoi l’avoir fait ? Oui, pourquoi diable l’avait-elle fait ?…

Lorsque Bellatrix étreignit, encore et enfin, son insolente autarcie et exigea de lui qu’il la ramène, Rodolphus expira sourdement comme s’il avait cessé de respirer pendant ces troublantes minutes de rencontre interdite. « Non. » Pénétrant son regard, l’époux s’affermit de franchise et naquit l‘homme. « Non, souffla-t-il. Je ne vais pas te ramener. » Une lueur éclaira son visage, comme pour s’annoncer bien plus grande, plus violente, bientôt.

« Ce serait une erreur, lâcha-t-il sourdement, la baguette bientôt tirée de sa poche. C’était une erreur de se rallier au Seigneur des Ténèbres. C’était une erreur… de lui faire allégeance comme si nous lui devions quelque chose du seul fait de notre naissance. Renier mes parents a été la meilleure décision que j’aie jamais prise ; leur préférer cependant Lord… Voldemort est bien pire, conclut-il aussi fermement qu’il s’en sentit la résistance. Je me sens sale, et trahi. Car c’était une erreur de l’attendre toutes ces années, enfermés à Azkaban, alors qu’il prend toujours sans jamais rien donner, et qu’il n’aurait pas hésité une seule seconde à tous nous sacrifier pour son ersatz de gloire, de folie, et de vanité. Rabastan, ou moi… ou toi, pour ton plus grand honneur, et ma plus terrible perdition. Je sais que tu ne comprends pas, mais je devais le dire. Ne hurle pas, ne perds pas de ton temps, je l’ai fait. C’était une erreur. Alors non, je ne vais pas te ramener. »

De la rive, s’apercevait une agitée silhouette. Elle les appelait. Les sorts rompus par les discrètes protections du fils Lestrange, elle s’évertuait de tout son petit être - vu d’ici - à les faire revenir, elle aussi. Mais il n’écoutait rien. Il n’en voulait rien voir. Personne ne le ramènerait au monde, ce soir. Les viscères de ses émotions folles exposées au zénith de la nuit, Rodolphus ne voulait pas guérir par la nécessité, sous les yeux de sa femme. Il aimait mieux enlacer sa délicieuse agonie, ou attendre qu’elle achève son affront.
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